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Shia 974 ( Chiite à l'Ile de la Réunion )
Divers articles

24 mai 2008

Je suis Goujrati

 

L’Indien français du Gujrat sans le Gujrati …

Vive le Gujrati notre langue maternelle !

 

Nous devons tirer les leçons de péripéties linguistiques  riches en déceptions et en clowneries aux fortes réactions égoïstes envers notre propre langue.

Le moment est en tout cas venu de se poser enfin les bonnes  questions …

Notamment sur notre langue maternelle à bout de souffle. Faut-il s’en   attrister ?

Le déni voulu du Gujrat pourrait favoriser l’émergence de son authentique  reconnaissance fort ressentie aujourd’hui et fondée sur sa richesse.

Nous devons rendre à notre Communauté le Gujrati qu’elle a délibérément   confisqué.

Plaidoyer pour une vraie prise de conscience de l’utilité et de la beauté de notre langue maternelle  le Gujrati !

 

Amine  NASSOR

 

QUI  SUIS - JE  ?

 

«  Va min  aayaatéhii  khal  qus - samaavaati  val  arzi , vakh – télaafo  al-sénatékum  va  al  vaanékum ; inna  fi  zaaléka  la  aayaatil-lil  aalémiine . »

Et, elle est de Ses signes, la création des cieux et de la terre , et la variété de vos langues et de vos teints ; voilà bien là des signes, vraiment, pour ceux qui savent (pour les savants).

( Sourate Ar Roum , Les Byzantins, n°30 ; Ayate n°22 )

«  …..Va  ja-alnaakum  shu – uubhanv   va  qabhaa-ila  li-taarafuu…. »

Et , Nous vous avons formés en nations et tribus pour que vous vous connaissiez  entre vous .

(Sourate Al  Hujurat , Les Cloisons, n°49 , Ayate n°13)

«  S’adressant aux Croyants résidants à l’étranger , il leur a demandé de perpétuer leur langue maternelle et leurs mœurs et cultures pour qu’au sein de leur milieu, l’attachement religieux soit transmis de génération en génération. »

( Message de l’Ayatullahil Ozama , Marjaé Jahané Tashayyou, Hazrat Agha ALI  AL HOUSSEINI AL SISTANI  Maddhazihoul Ali , adressé de son lit , dans un hôpital de Londres , le 19 Août 2004 ,  devant un groupe de Khojas Shia IshnaAsheri de Paris qui lui a rendu visite )

Je suis , avant tout GUJRATI   et , ensuite, un autre (une autre) .

Je suis né (e) GUJRATI, je deviens un autre (une autre).

Ma langue  GUJRATI  n’est ni ma deuxième langue, ni la première, elle est plutôt ma langue maternelle que j’ai tétée avec le lait précieux de ma mère.

Elle forme l’une des composantes de mon sang.

Elle m’est acquise comme ma physionomie et la couleur de ma peau.

Je ne renoncerai jamais à mon identité où que je sois et quoique je devienne.

Le jour où je l’abandonnerai, c’est mon voisin qui me le rappellera. Et, ce moment, je ne pourrais jamais l’oublier  jusqu’au dernier souffle de ma vie. Il sera le plus dur de mon existence.

Je n’apprends pas les autres langues pour négliger la mienne. Elles apportent un supplément mais ne s’y substituent pas.

La langue française va de pair avec le GUJRATI. Je dois exceller dans l’une comme aussi dans l’autre.

ALLAH m’a fait naître dans une société qui parle le GUJRATI  comme IL a créé aussi d’autres peuples.

Je ne dois pas la rejeter mais essayer de l’améliorer et de la transmettre à mes enfants comme elle m’a été donnée en héritage.

Ma mère me chuchotait en GUJRATI lorsqu’elle me couvrait de ses doux baisers. Pour bercer, chanter, raconter des histoires, câliner, voire gronder, elle ne se servait que des mots et locutions de cette langue naturelle.

Le premier langage qui est  venu battre contre mes oreilles quand j’ai ouvert mes yeux dans ce monde fut GUJRATI.

Les premiers mots que mes lèvres ont balbutiés avant toute chose furent aussi GUJRATI.

Je suis entouré (e) par une famille GUJRATI et élevé (e) dans la culture et les traditions purement GUJRATI.

Toute langue a une existence propre et les émotions profondes ainsi que les sentiments forts ne sont mieux exprimés que dans son parler idoine.

Ma langue maternelle, le Gujrati,  est surtout parlée dans l’Etat de GOUJRAT  en Inde. C’est une langue officielle reconnue par la Constitution Fédérale. Elle compte environ 46 millions de locuteurs, chiffre égal au nombre de la population de la France Métropolitaine.

Quelqu’un avait, un jour, formulé que : « le Christianisme est la langue maternelle des Européens. »

Je suis moi-même Européen mais sans être chrétien. Cette citation était peut-être vraie par le passé mais, aujourd’hui, elle est démentie car on constate que l’Islam est la seconde religion de France. Que pensez-vous de cette déclaration fracassante ?

Le Français n’apprend pas le français. Il le parle parce qu’il est sa langue maternelle. Rien de plus. Comme aussi l’Anglais, l’Arabe, l’Iranien, l’Indien et les autres, chacun se sert de sa langue dans sa propre Communauté et n’apprend les autres langues que selon ses besoins ou les exigences du moment. Je ne dois pas avoir honte de mon dialecte.

Quelle est la différence entre un Français d’origine et un Indien qui ne parle pas sa langue maternelle ? Bien sûr,  aucune,  mais si le premier s’accroche à la sienne , pourquoi renoncerai-je à la mienne ? Avez-vous vu un Européen ne sachant pas sa langue naturelle ?

L’homme est doté de la parole. Il doit donc parler une langue. Et, celle-ci est sa langue maternelle. Si l’Européen parle la langue de son pays, c’est parce qu’il en est obligé pour s’exprimer. Il n’a rien fait de mieux. Moi, je me sers donc de la mienne et j’ai  l’avantage d’apprendre aussi la sienne sans pour autant  sacrifier la première au bénéfice de la seconde !

La France, mon cher et beau Pays, souhaite que tout le monde parle sa langue, qu’elle devienne universelle ! Je suis de cet avis. Quel grand honneur pour moi et mes chers compatriotes de disposer d’un outil linguistique comme le français, ce qui facilite la communication avec d’autres durant les voyages. 

La Grande-Bretagne aussi en réclame la sienne et  dont les Dirigeants se vantaient de proclamer que leur territoire est un monde où le soleil ne se couche jamais !

Certes,  l’anglais est de loin très répandu que le français à travers le monde. Cependant, la France ne cède pas et  elle s’efforce de le diffuser par le biais de la francophonie.

D’autre part, elle ne dicte pas à ses citoyens de racines multiples d’inhumer leur patois  d’origine.  Celui-ci fait la richesse de son patrimoine, dans la diversité ethnique et linguistique, avec le Breton, le Corse et divers autres qui ont leur propre vocabulaire.

Lorsque je vais à Londres, à San Francisco ou à Montréal, à la Mosquée comme à la Salle de Conférence, je reste muet devant les Khoja de ma Communauté qui ne savent s’exprimer qu’en anglais. En effet, il m’est difficile de leur parler. On se heurte aux barrières linguistiques : ils s’expriment en anglais alors que  je converse dans la langue de Molière. Nous avons sacrifié, chacun, notre langue commune  sur l’autel de la Civilisation.  Le gujrati était notre trait d’union que nous avons écarté pour se retrouver maintenant sur la table de sourds. Quelle grosse perte tant culturelle que spirituelle !

Le Gujrati, ma langue maternelle, constitue  la colonne vertébrale sur laquelle s’appuient tous les cours de Madressa, les Sermons de Maje lisse, les Khoutbas de vendredi ….Elle est un outil indispensable pour l’affermissement de ma  foi.

Le français, ma langue nationale, forme le corps de cette colonne vertébrale, sur lequel se forge toute ma formation pour gagner ma vie dans la foi.

Comme les cieux et la terre, les océans, les étoiles, le soleil, la lune et nombreuses autres créatures, la variété des langues et des teints caractérise un signe de Dieu comme il vient d’être cité dans les Versets précédents du Saint Quran.

Allah a voulu que l’humanité se partage entre des peuples et tribus différents et s’expriment dans  des langues variées avec toutes leurs spécificités .

Si je n’éprouve aucune abjection d’être Musulman – Français dans l’Europe chrétienne, pourquoi aurais-je ce sentiment de honte d’appartenir à la Communauté Gujrati ?

Muhammad Ali Jinnah, véritable fondateur du Pakistan et Mohandas Karamchand Gandhi, l’âme de l’indépendance de l’Inde n’étaient pas moins civilisés que nous. L’Angleterre tremblait devant ces hommes. Ils parlaient la langue de shakespeare  mieux que les ressortissants de ce grand pays. Le premier était Khoja et le second venait de Porbandar en Gujrat . Tous les deux brillaient aussi dans leur langue d’origine.

L’habitant de l’Inde parle, en plus de son propre dialecte, l’Ourdou et l’Anglais. L’Indien de Madagascar parle le gujrati, en plus du malgache et du français,  comme celui de l’Afrique de l’Est le swahili et l’anglais  sans renier leur langue maternelle .

Rien ne s’oppose à enrichir mes connaissances linguistiques qui s’étendent jusqu’au Persan. En tant que Musulman, je dois aussi apprendre l’Arabe qui constitue le socle linguistique aidant à la compréhension de l’Islam.

 

QUI SUIS-JE DONC ?

Partout où je voyage, la même question m’est posée : «  qui êtes-vous ?  »

Certes, la réponse est  évidente : «  je suis français, » lui dis-je.

Mon interlocuteur reste ébahi. Il me fixe dans les yeux. Le silence nous entoure quelques secondes. Je lis sa pensée à travers son regard parce que je ne suis pas à ma première expérience.

«  Je suis d’origine indienne, » lui répondis-je

Son sourire qui avait disparu un instant revient sur ses lèvres. Il reçoit la réponse qu’il cherchait. Et, tandis que mon cœur me chuchote : « Tu changeras ton langage, tes vêtements, ta coiffure, tes comportements et même de pays, mais tu ne pourras  modifier ni ta physionomie, ni la couleur de ta peau ! Tu resteras ce que tu es ! » Hélas, il est trop tard pour déterrer cette langue dont je fus le bourreau ! Les regrets, bien sûr, ne viennent qu’après

Vais-je enterrer de mes propres mains ma langue que m’a apprise mon adorable maman, que m’a donnée en héritage mon très aimable papa ?

Serais-je l’assassin de ma langue maternelle, moi qui lutte pour la non-violence dans ce monde animé par la terreur, la violence et la haine ?

Je constate que tous les peuples du monde, même minoritaires, luttent pour la survie de leur dialecte, malgré l’existence d’une langue nationale étrangère dans leur pays, comme, par exemple l’anglais, le français, l’espagnol ou le portugais.

Y-a-t-il une plus grosse ingratitude que celle de renier sa propriété, une perte aussi grave que celle de rejeter cette grâce divine ?

N’ignorons pas ce péril et sauvons notre langue lorsqu’il est encore temps !  L’indifférence totale envers le Gujrati remet en cause   notre longue histoire, notre vie commune, nos traditions et mœurs, notre culture, bref, notre identité !

Renier sa langue n’est pas un progrès  mais une perte immense et irréparable

Je dois adorer ma langue, la parler, l’apprendre, l’entendre sonner. Je dois changer en progressant mais pas en régressant.

C’est un devoir d’aimer sa langue maternelle. La négliger est un signe de décadence morale.   (Docteur MOTTA)

Une langue que l’on n’enseigne pas est une langue qu’on tue. Tuer une langue est un crime.    (J.JULLIAN)

On parle plusieurs langues, mais on ne cause que dans la sienne. (Jules Barbey d’AUREVILLY)

 

Article : Moulla  Nissarhoussen RAJPAR

 

 

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